Tiens bon! J’insiste! Sinon — l’eґternel Sommeil! — Sinon — la maison eґternelle. Voici — de nouveau — une fene ? tre, Ou` — de nouveau — on ne dort pas. On y boit du vin — peut-e ? tre —, On n’y fait rien — peut-e ? tre —. Ou alors, tout simplement, Deux mains ne peuvent se seґparer. Il y a, dans chaque maison, Ami, une fene ? tre pareille. Le cri des seґparations, des rencontres — Toi, fene ? tre dans la nuit! Des centaines de bougies — peut-e ? tre —, Trois bougies — peut-e ? tre... — Pas cela, et pas de repos Pour mon esprit. Et cela — cette chose me ? me — Dans ma maison. Prie, mon ami, pour la maison sans sommeil, Pour la fene ? tre eґclaireґe!

Poemes pour Akhmatova

1 O muse des pleurs, la plus belle des muses! Toi, acolyte perdue de la nuit blanche! Tu jettes sur les Russes ta sombre tempe ? te, Et tes hauts cris nous percent, comme des fle`ches. Nous bondissons de co ? teґ, et sourdement: ah! — Des milliers de fois — nous te jurons fideґliteґ. — Anna Akhmatova! — Ce nom me ? me — vaste soupir, Tombe dans des profondeurs qui n’ont pas de nom. Nous portons une couronne, a` seulement fouler La me ? me terre que toi, sous le me ? me ciel — que toi! Et celui que blesse ton destin mortel S’eґtend immortel deґja` sur son lit de mort. Sur ma ville qui chante, les coupoles brillent, Et l’aveugle qui passe ceґle`bre les louanges du seigneur... — Moi, — je t’offre ma ville avec ses cloches, Akhmatova! — et aussi mon c?ur, en plus. 3 Encore un immense battement — Et les cils dorment. Corps gentil! Poussie`re D’un oiseau leґger! Que faisais-tu dans le brouillard Des jours? J’attendais, je chantais... Et tant de soupirs en elle, Et si peu de chair... Gentille — inhumainement, Sa somnolence. Avec quelque chose De l’ange et de l’aigle. Elle dort, et le ch?ur l’appelle Vers les jardins de l’Eden. Comme si le deґmon endormi N’eґtait pas satureґ de chansons. Les heures, les anneґes, les sie`cles. — Sans nous — sans nos chambres. Et le monument, qui se penche, — Ne se souvient plus. Depuis longtemps, le balai reste inactif, Et se fleґtrissent, obseґquieusement, Au-dessus de la Muse de Tsarskoeґ Selo, Les croix d’orties. 5 Tant de compagnons, tant d’amis — Et tu n’es l’eґcho de personne. L’amertume et la fierteґ Commandent cette tendre jeunesse. Tu te souviens de cette journeґe folle Et enrageґe: le port, la menace des vents du sud, Les hurlements de la Caspienne — et, Dans la bouche, l’aile d’une rose. Et cette tzigane qui t’a donneґ Cette pierre, si bien sertie, — et Cette tzigane qui t’a menti A propos de la gloire... Et, — tre`s haut, pre`s des voiles — L’adolescent en caban bleu. Le grondement de la mer — et l’appel, — Redoutable de la Muse blesseґe. 6
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