Le silence su?r, rouilleґ.Le gardien me montreraLe berceau.16Comme endormi, comme ivre,Au deґpourvu, sans preґparation,Creux des tempes:Conscience aux aguets.Orbites transparentes:Mort et clarteґ.Vitre transparenteDu re ? veur, du voyant.N’est-ce pas toiQui n’as pas supporteґLe son de sa robe bruyanteDe retour au pays de chez Hade`sN’est-ce pas cette te ? teQui flottait, pleine de cliquetisArgentins, le longDe l’He`bre endormi?17Rec ? ois, mon Dieu, rec ? ois mon obolePour la soliditeґ du temple. Je ne chantePas l’arbitraire de mon amour, je chanteLa blessure de ma patrie...Non le coffre rouilleґ de l’avare —Ni le granit — useґ par les genoux!Mais, pour tous: le heґros et le tzar,Pour tous — un juste — un chantre — la mort.Le Dniepr brise la glace et la RussieCoule vers toi, comme Pa ? ques. —Et bouscule les planches du cercueilDans une grande crue de mille voix.Pleure ainsi mon c?ur, et chante la gloire!Et que l’amour mortel soit jalouxDe tes cris — pour quelle autre millie`me fois? —Car cet amour-la` se reґjouit de ton chant.J’aime embrasserLes mains, et j’aimeDonner des noms,Et aussi — ouvrirDes portes!— Grandes-ouvertes — sur la nuit noire!Et me tenir la te ? te,Ecouter ce pas, lourd,Quelque part, qui devient leґger,Et le vent, qui secoueLa somnolante, l’insomniaqueFore ? t.Et la nuit!Quelque part, des sources coulent,Le sommeil me gagne.Je dors presque.Quelque part, un homme,Dans la nuit, s’enfonce.Dans ma tre`s grande ville — la nuit.Je quitte — la maison endormie.Les gens pensent: une femme, une fille, —Mon seul souvenir: — la nuit — .Le vent de juillet me pousse — en chemin,Et la` une musique par la fene ? tre — un rien.Le vent, aujourd’hui, jusqu’a` l’aube — souffleraAu travers de la poitrine — dans la poitrine.Un peuple noir, et, par la fene ? tre — une lumie`re,Et le carillon de la tour, et dans la main — une fleur,Et ce pas-la` n’embo?te le pas de personne,Et cette ombre-la` — n’est pas la mienne.Les feux de la feuille nocturne dans la bouche,Comme les cha?nes des colliers en or — le gou ? t!Deґlivrez-moi des liens diurnes, amis,Comprenez, je ne suis pour vous qu’un re ? ve.Noire comme la pupille, comme la pupille tu sucesLa lumie`re — et je t’aime, nuit — qui vois si bien.Laisse ma voix te chanter, aїeule des chants,Qui tiens la bride des quatre vents. Je t’appelle,Je chante tes louanges et ne suis qu’un coquillageQue la voix de l’oceґan n’a pas encore deґserteґ.J’ai deґja` trop regardeґ dans la pupille des hommes!Nuit! Reґduis-moi en cendres, soleil noir, — nuit!Qui dort, la nuit? Personne ne dort!L’enfant, dans son berceau, crie,Le vieillard veille a` sa propre mort,Et le jeune garc ? on parle a` sa jolie;Il souffle sur ses le`vres,Il la regarde dans les yeux.Si tu t’endormais, ou` serais-tu, a` ton reґveil?Nous aurons, nous aurons bien le temps de dormir!Le garde au regard vigilant passeDe maison en maison, avec sa lanterne rose.Et, sur l’oreiller, ce qui, par morceaux, gronde,Agite sa bruyante creґcelle: — ne dors pas —