On pensait — un homme!On l’a fait mourir.Il est mort. A jamais.— Pleurez sur l’ange mort!A la fin du jour,Il chantait la beauteґ du soir.Trois flammes de cireTressaillent, superstitieusement.Des rayons eґmanaient de lui —Cordes bru ? lantes sur la neige.Et trois cierges de cire — etLe tout au soleil! Au porteur de lumie`re!O, regardez — comment les sombresPaupie`res se sont enfonceґes!O, regardez — commentSes ailes se sont briseґes!Le reґcitant noir reґcite,Les gens oisifs fla ? nent...— Le chantre mort reposeEt ceґle`bre la reґsurrection.7Probablement — derrie`re ce petit boisLe village, ou` je vivais.Probablement — l’amour est plus simple,Il est plus facile, que je ne croyais.Oheґ! — Les diables, crevez donc!Il s’est souleveґ, il a leveґ — le fouet —Et, apre`s l’injure — le coup, cinglant,Et, de nouveau, les grelots chantent.Au-dessus des bleґs faiblissants, miseґrables,La perche se dresse — et apre`s elle une autre perche,Et le fil de fer haut dans le ciel chante,Et il chante la mort.8Et une nueґe de mouches autour de haridelles indiffeґrentes,Et le cher andrinople de Kalouga gonfleґ par le vent,Et le cri des cailles, et le grand ciel, etLe flot des choches par-dessus le flot des bleґs,Et les parlotes: les Allemands, — c’est assez mais jusqu’ou`! —Et la croix tre`s jaune derrie`re le petit bois bleu,Et la douce chaleur, et un tel eґclat en tout,Et ton nom, qui sonne comme: Ange.9Faible rayon dans les teґne`bres noires de l’enfer —Ta voix dans le grondement et l’explosion des obus.Et la`, dans le tonnerre, comme un quelconqueSeґraphin, elle annonce, cette voix sourde,— On ne sait de quels anciens matins brumeux —Combien il nous a aimeґs, nous, aveugles et anonymes,Et le manteau bleu, et le peґcheґ — de perfidie... EtCombien — plus tendrement — plus fortement encore —Combien il n’a cesseґ de t’aimer, Russie, disparueA jamais dans la nuit — pour de tristes histoires!Et ses doigts glissent — le long de ses tempes —Ils semblent interroger — d’un geste perdu —:Les jours nous attendent, et la tromperie de Dieu,Et quel nom a` venir pour un soleil qui ne se le`vera plus...Ainsi, prisonnier en te?te-a`-te?te avec lui-me?me,(Ou bien cet enfant qui parle en re?vant)Nous est apparu sur toute la vaste plaine —Le c?ur sacreґ d’Alexandre Blok.10Il regarde, la`, fatigueґ des lointains,Chef sans partisans,La` — et l’eau du torrent dans le creux de sa main —Prince sans terres.La` — ou`, pourtant, tout: possessions et soldats,Et pain, et me`re.Ton hеґritage est beau, — dispose de lui,Ami sans amis!12Vous, ses amis, — ne le deґrangez pas!Vous, serviteurs, — ne le deґrangez pas!On le voyait sur son visage:Mon royaume n’est pas de ce monde.Fatales, les neiges en rafales au long de ses veinesEt les eґpaules se courbaient sous le poids des ailes,Et par la bouche et par le chant, dans l’ardeur qui