Debout, en chasuble De neige. Ce n’est pas le vent, qui Me poursuit a` travers la ville, Cela fait trois soirs, deґja`, Que je sens l’ennemi. Il m’a envou ? teґe, Le chantre de neige Aux yeux bleus. Et le cygne de neige eґtend Ses ailes sous mes pieds. Les plumes s’eґtalent et S’alte`rent sur la neige. J’avance sur les plumes, Ainsi, vers la porte, Et, au-dela`, la mort. Par les fene ? tres bleues, Il chante pour moi, Il chante pour moi, De ses lointains grelots. Et son appel: Un long cri, puis La voix du cygne. Tendre fanto ? me! Je sais, je vois tout en re ? ves. Fais-moi cette gra ? ce: amen, Amen, tombe en poussie`re! Amen. 3 Tu passes a` l’ouest du soleil, Tu vois la lumie`re du soir, Tu passes a` l’ouest du soleil, Et la neige en rafale couvre tes pas. Devant mes fene ? tres, indiffeґrent — Tu passeras, dans le silence et la neige, Mon homme de Dieu, juste et magnifique, Douce lumie`re de mon a ? me. Je ne convoite pas ton a ? me! Ton chemin reste a` l’eґcart. Et je n’enfoncerai pas mon clou Dans ta main, pa ? le de baisers. Je ne t’appelerai pas par ton nom, Je ne te tendrai pas les bras, Je m’inclinerai, de loin, Devant la Sainte face de cire Et sous la neige lente, dans la neige, Je me mettrai a` genoux, et, En ton nom sacreґ, J’embrasserai la neige du soir. La`, ou`, majestueusement, Tu es passeґ, dans un silence de mort, Douce lumie`re, — gloire des saints — Dans la possession de mon a ? me. 4 Pour l’animal — sa tanie`re, Pour le voyageur — son chemin, Pour le mort — son corbillard, Pour chacun — son du ? . Aux femmes — la ruse, Au tzar — l’eґtat, A moi — la glorification De ton nom. 5 Chez moi a` Moscou — brillent les coupoles, Chez moi a` Moscou — les cloches sonnent, Et les seґpultures, chez moi, sont aligneґes, — Y dorment les tzarines et les tzars. Tu ne sais pas, toi, qu’a` l’aube, au Kremlin, On respire plus a` l’aise — que partout ailleurs! Tu ne sais pas, toi, qu’a` l’aube, au Kremlin, Et jusqu’a` l’aube, je te prie comme un dieu. Et tu passes au-dessus de la Neva, Au moment ou`, au-dessus de la Moscova, Je me tiens te ? te baisseґe, Et les reґverbe`res tombent de sommeil. De toute mon insomnie je t’aime, De toute mon insomnie je t’eґcoute — Lorsque partout dans le Kremlin S’eґveillent les carillonneurs. Mais mon fleuve — avec ton fleuve, Mais ma main — avec ta main Ne se rencontrent pas, o ma Joie, Tant que l’aube n’a pas rejoint l’aube nouvelle. 6
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