Et ton chemin — dans l’eґpaisse fore ? t, sur les sables bru ? lants. Ton a ? me — s’eґpuisera, Tes yeux — pleureront. Mais au-dessus de moi — la chouette criera. Mais au-dessus de moi — l’herbe bruissera. Nous n’avons jamais eґteґ ensemble: c’est doux Pour moi. — Personne ainsi n’a rien repris. Je vous embrasse, par-dela` les centaines Des verstes qui nous seґparent. Je sais: nos dons sont dissemblables. Ma voix, pour la premie`re foix, est basse. Que vous importe, jeune Derjavine, Mon vers mal eґleveґ! — Pour le terrible vol, je te salue: — Vole, jeune aigle, vole! — Tu supportes le soleil dans les yeux, — Mon jeune regard est-il si lourd? Personne ne vous regardait partir Plus tendrement, plus deґfinitivement... Je vous embrasse, par-dela` les centaines Des verstes qui nous seґparent. Tu le`ves la te ? te trop haut — Un orgueilleux, un menteur. C’est, pour moi, en ce feґvrier, Un joyeux compagnon! Nous faisons sonner l’argent, nous Faisons lentement des ronds de fumeґe, Nous marchons dans notre ville natale Comme de solennels eґtrangers. Quelles mains soigneuses ont toucheґ Tes cils, cette beauteґ, — quand, et Comment, et qui, celles, nombreuses, Qui ont embrasseґ ta bouche — , Je ne le demande pas. Mon esprit avide Ma?trise ce re ? ve. En toi, J’honore un enfant Divin de dix ans. Arre ? tons-nous pre`s de la rivie`re qui rince Le collier multicolore des lanternes. J’irai avec toi jusqu’a` la place Qui a vu des tzars adolescents... Siffle pour eґvacuer le mal des jeunes Garc ? ons, et serre ton c?ur dans ta paume... — Mon affranchi impassible Et violent — Pardon. D’ou` vient cette tendresse? Ce ne sont pas les premie`res Boucles — que je lisse — et J’ai connu des le`vres plus sombres. Les eґtoiles s’allument et s’eґteignent, — D’ou` vient cette tendresse? — Des yeux s’allument et s’eґteignent, Tout pre`s de mes yeux. J’ai entendu des chants Autres, dans la nuit noire, — D’ou` vient cette tendresse? — Sur la poitrine me ? me du chanteur. D’ou` vient cette tendresse? — Et qu’en faire, adolescent Malicieux, chanteur vagabond, Aux cils — les plus longs.

Poemes pour Blok

1 Ton nom — un oiseau dans la main, Un glac ? on sur la langue — ton nom, Un seul mouvement des le`vres, Ton nom — quatre lettres. Un petit ballon, saisi au vol, Un grelot d’argent dans la bouche. Il jaillit dans un sanglot, ton nom, Et d’une pierre jeteґe dans un eґtang. Il brille, il gronde, la nuit, ton nom Dans un leґger cliquetis de sabots. Et le claquement sonore du fusil Le soulignera sur notre tempe. Ton nom — Ah, l’impossible! — Un baiser sur les уeux, ton nom, Sur le gel tendre des paupie`res immobiles. Ton nom — un baiser sur la neige, Une glaciale gorgeґe bleue — a` la source... Avec ton nom, le sommeil est profond. 2 Tendre fanto ? me, Chevalier sans reproches, Qui t’a appeleґ Dans ma jeune vie? Dans la brume bleue,
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