— Il me pla?t que vous ne soyez pas fou de moi, Il me pla?t de ne pas e ? tre folle de vous, Et que jamais le lourd globe terrestre Ne fuie au-dessous de nos pieds. Il me pla?t de pouvoir e ? tre ridicule — Troubleґe — et de ne pas jouer sur les mots, Et de ne pas souffrir d’une faiblesse eґtouffante Lorsque nos deux manches se fro?lent. Il me pla?t aussi que devant moi Tranquillement vous enlaciez une autre, Et que vous ne me souhaitiez pas les feux De l’enfer parce que moi j’en embrasse un autre. Que vous ne prononciez pas mon nom, si tendre, Vous, mon tendre ami, matin et soir — a` la leґge`re... Que jamais, dans le silence de l eґglise, On ne chante, par-dessus nos te ? tes: Alleґluia! Je vous remercie de tout mon c?ur, et de mes mains De tant m’aimer — sans le savoir vous-me ? me! — Et pour la tranquilliteґ de mes nuits, Pour la rareteґ des rencontres aux heures du soir, Pour les promenades au clair de lune Que nous n’avons pas faites, et pour le soleil, Qui ne brille pas au-dessus de nous — et Je vous remercie de ne pas e ? tre — heґlas! — fou de moi, Et de ne pas e ? tre — heґlas! — folle de vous! Le navire ne naviguera pas toujours Et le chant du rossignol... J’ai si souvent voulu vivre Et si souvent — mourir! Fatigueґe de la loterie, comme Dans mon enfance, — je quitterai le jeu, Heureuse de ne pas croire Qu’il y a d’autres mondes. Avec une grande tendresse — car, Biento ? t, je vais tout laisser — Je pense a` celui qui portera Cette veste de loup, A celui — qui se preґlassera sous ce plaid, Avec cette fine canne a` te ? te de leґvrier, A celui — qui portera mon bracelet D’argent orneґ de turquoises... A tous ces papiers, a` toutes ces fleurs Que je ne peux pas — conserver... Ma dernie`re rime — et toi, Ma dernie`re nuit. Je n’ai pas communieґ, je n’ai pas suivi la Loi. Jusqu’a` la fin, et la messe dernie`re, je peґcherai — Comme aujourd’hui je pe`che, comme hier j’ai peґcheґ, Avec passion! De tous les sens que Dieu m’a donneґs! Amis! Complices! Vous qui m’exhortez a` la flamme! Vous, accuseґs comme moi! Vous deґlicats professeurs! Filles et jeunes gens, arbres, eґtoiles, nueґes, Terre — Au jugement dernier, tous devant Dieu nous passerons. Il n’y a pas, dans ce maudit Volume, de tentation Pour une femme. — Ars amandi, Pour une femme — toute la terre. Le c?ur — des philtres d’amour, Le philtre — le plus su ? r. — Une femme, De`s son berceau est un peґcheґ mortel, Pour l’un ou pour l’autre. Le ciel est loin! Les le`vres Sont proches, dans la brume... — Dieu, ne juge pas! Tu n’eґtais pas Une femme, sur terre! Je connais la veґriteґ! Assez des veґriteґs anciennes! L’homme sur terre ne doit pas contrer l’homme! Voyez: le soir, voyez: deґja` presque la nuit! Et quoi encore: des poe`tes, des amants, des capitaines? Deґja` — le vent s’eґpuise, deґja` — la roseґe sur la terre, Biento ? t — deґja` — la neige durcira dans le ciel eґtoileґ, Et — biento ? t — tous, sous terre nous dormirons: car, Sur terre, tous, nous nous empe ? chions de dormir. Une fleur eґpingleґe a` la poitrine. Je ne sais deґja` plus qui l’a eґpingleґe. Inassouvie, ma soif de passion, De tristesse et de mort. Par le violoncelle et par les portes Qui grincent, par les verres qui tintent Et le cliquetis des Des trains du soir, Par le coup de fusil de chasse Et par le grelot des troїkas — Vous m’appelez, vous m’appelez, Vous — que je n’aime pas! Mais il est encore une joie: J’attends celui qui, le premier, Me comprendra, comme il le faut — Et tirera a` bout portant. J’ai ouvert le coffret de meґtal, J’ai pris ce cadeau — des larmes: Un anneau avec une perle superbe, Avec une superbe perle. Je suis sortie sur le seuil, un vrai chat, J’ai exposeґ mon visage au vent. Les vents — qui soufflent, les oiseaux — qui volent, Les cygnes — a` gauche, a` droite — les corbeaux, Nos chemins — par des co ? teґs diffeґrents. Tu t’eґloigneras — avec les premiers nuages, avec l’orage,
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