Ni bruyantes fontaines,Ni chaudes eґtoiles...Sur la poitrine de Don Juan,Une croix orthodoxe.Afin que la nuit eґternelleSoit plus claire — pour toi,J’ai apporteґ un eґventail,Noir, de Seґville....Et pour que tu voisDe tes propres yeux, la beauteґDes femmes, — cette nuitJe t’apporterai un c?ur.Dormez en paix, maintenant!De tre`s loin vous e ? tes venu,Ici, chez moi. Votre listeEst comple`te, Don Juan!3Apre`s tant de roses, de villes, de toasts —Comment n’e ? tes-vous pas fatigueґDe m’aimer? Vous — presque un squelette,Moi — presque une ombre.Vous avez du ? recourir aux forcesCeґlestes? — Que m’importe! — EtQue m’importe cette odeur de NilQui vient de mes cheveux?Moi — c’est mieux —, je vous raconteLe conte: c’eґtait en janvier. Quelqu’unA jeteґ une rose. Un moine masqueґPortait une lanterne. Une voixIvre, — priait et s’emportait,Pre`s du mur de la catheґdrale.Don Juan de Castille, alors,Rencontra Carmen.4Il est minuit — juste.La lune — un eґpervier.— Tu regardes — quoi?— Je regarde — c’est tout!— Je te plais? — Non.— Tu me reconnais? — Peut-e ? tre.— Je suis Don Juan.— Et moi — Carmen.5Don Juan avait — une eґpeґe,Don Juan avait — Dona Ana.C’est tout ce que les gens m’ont ditDu beau, du malheureux Don Juan.Mais aujourd’hui, j’ai ruseґ:A minuit juste, je suis alleґe sur la route.Quelqu’un a marcheґ pre`s de moi,Il reґpeґtait des noms.Et une eґtrange crosse — blanchissait dans la brume...— Don Juan n’a jamais eu — Dona Ana!6Et la ceinture de soie, — le serpentDu paradis, — tombe a` ses pieds...Et on me dit — Je me calmerai,Un jour, la`-bas, sous la terre.Je vois mon profil hautain etVieux, sur le brocard blanc.Et quelque part — des gitanes — des guitares —Et de jeunes hommes en manteaux noirs.Alors, quelqu’un, cacheґ sous un masque:— Reconnaissez-moi! — Je ne sais pas — Reconnaissez-moi! —Et la ceinture de soie tombeSur la place — ronde, comme le paradis.Tu es sortie d’une catheґdrale auste`re et finePour les criailleries de la place publique...— Liberteґ! — La Belle DameDes marquis et des princes russes.Voici, en cours, la terrible reґpeґtitionDu ch?ur, — la messe continuera!— Liberteґ! — Fille de joieSur la poitrine folle d’un soldat!Embrasser sur le front — efface les soucis.J’embrasse sur le front.Embrasser sur les yeux — supprime l’insomnie.J’embrasse sur les yeux.Embrasser sur la bouche — donne a` boire.J’embrasse sur la bouche.Embrasser sur le front — efface la meґmoire.J’embrasse sur le front.