Jeune coupable de mon inspiration — Moi — je te l’ordonne: — Sois! Moi, et sans sortir de la soumission. Ces mains, dont l’amoureux n’a pas besoin, Servent — le Monde. Et la Lyre Nous couronne de ce titre glorieux: Epouse du Monde. Beaucoup ne sont pas convieґs au festin royal, — Il leur faut alors, pour tout souper, un chant! L’amant n’est pas eґternel, le Monde est eґternel. On ne le sert pas en vain. La Blancheur menace la Noirceur. Le temple blanc menace tombeaux et tonnerre. Le juste pa ? le menace Sodome, non pas De son glaive — mais du lys de son bouclier! Blancheur! Cercle symbolique! Cuves baptismales! Cheveux blancs fatidiques! Et les vilains reconna?tront leur seigneur A la fleur qui fleurit de ses mains. Le loup — n’a peur que de l’agneau, et La forteresse ne se rend qu’a` un ange. Festoiements — dans les caves et les sentines! Il gagne la capitale, le reґgiment blanc! Ma journeґe, le deґsordre et l’absurde: Au pauvre, je reґclame du pain, Au riche, je donne, pour sa pauvreteґ! J’enfile dans l’aiguille — une lueur, Au voleur, j’offre — la clef, Je mets du blanc sur ma pa ? leur. Le pauvre ne me donne pas de pain, Le riche n’accepte pas mon argent, La lueur ne passe pas dans l’aiguille. Le voleur entre sans la clef, Et l’idiote pleure a` chaudes larmes — Ce jour sans gloire, ce jour inutile. — Ou` sont les cygnes? — Et les cygnes sont partis. — Et les corbeaux? — Et les corbeaux sont resteґs. — Ou` sont-ils partis? — La` ou` sont les grues. — Pourquoi sont-ils partis? — Pour ne pas perdre leurs plumes. — Et papa, ou` est-il? — Dors, dors, le Sommeil, Sur son cheval des steppes va venir nous chercher. — — Ou` nous emme`nera-t-il? — Sur le Don des cygnes, — La`, j’ai, tu le sais! — un cygne blanc. Les poe`mes poussent, des eґtoiles, des roses, Et de la beauteґ — inutiles pour la vie familiale. Quant aux couronnes et aux apotheґoses — Une seule reґponse: — d’ou` cela me vient-il? Nous dormons — et puis, au travers des dalles de pierre, L’ho ? te ceґleste avec ses quatre peґtales. O monde, comprends! Le chantre — dans son sommeil — Deґcouvre les lois de l’eґtoile et la formule de la fleur — . Chaque poe`me — un enfant de l’amour, Un enfant eґternel, deґmuni de tout. Un premier-neґ — poseґ pre`s De l’ornie`re, en plein vent. L’enfer au c?ur, l’autel au c?ur, — Le paradis et la honte. — Qui Est le pe`re? Un tzar, peut-e ? tre? Peut-e ? tre un tzar — peut-e ? tre un voleur. Il nous faut courageusement l’avouer, Lyre! Nous avions du gou ? t pour les grands de ce monde: Pour les ma ? tures et les drapeaux, les eґglises, les tzars, Les bardes, les heґros, les aigles et les vieillards, Quand on jure fideґliteґ aux royaumes, On ne confie pas le Pavillon a` tous les vents. Tu connais le tzar — reste a` distance du piqueur! La fideґliteґ nous tenait comme un grappin: Fideґliteґ a` la grandeur — a` la faute — au malheur, Fideґliteґ a` la grande faute de la couronne! Quand on jure fideґlite au — Khan, On ne jure pas obeґissance a` la horde. En ce sie`cle, nous n’avons trouveґ que du vent, Lyre! Le vent a mis en lambeaux les tuniques, et Le dernier chiffon flotte sur le Pavillon... De nouvelles foules, pour de nouveaux drapeaux! Nous, nous resterons fide`les a` nos serments, Car ce sont de mauvais chefs, les vents. Si l’a ? me est neґe avec des ailes Que lui importe les palais et les masures! Que lui importe Gengis-Khan ou la horde! J’ai deux ennemis, ici-bas, Deux jumeaux — inseґparables: La faim des affameґs — et la richesse des riches. Je ne te ge ? ne pas, je ne te donne Pas un poison de femme. Je te donne ma main fide`le — La droite, celle qui eґcrit. Celle avec laquelle je beґnis, Pour la nuit — ma fille cheґrie.