plutôt il n’y a au fond de tout qu’un seul sentiment, qu’une seule impression — qui empoisonne tout et dont il est… inutile de parler…

Daria va, je crois, mieux. Ce qui est certain, c’est qu’elle prend goût à la société de sa sœur et tient à la garder*. L’autre jour elles ont passé cinq heures de suite au jardin. Elles y ont même dîné.

En politique nous avons fait une fameuse brioche. Quelqu’un s’est mis en tête de vouloir le congrès*, maintenant que personne n’en veut. Le cher Prince*, malgré sa fière indépendance, n’a pas osé combattre cette lubie, au fond de laquelle il n’y avait qu’une tendre sollicitude pour les parents pauvres d’Allemagne*. On nous a traités selon nos mérites: on s’est moqué de nous. Nous n’avons trouvé pour soutenir notre fameuse proposition qu’un seul allié, le Portugal, et cela, encore, grâce à Mad<ame> Moira, je suppose. — En un mot, nous sommes pitoyables. Nous en sommes toujours encore à ce degré de l’échelle animale où la conscience de son identité n’apparaît pas encore.

J’ai su par Dmitry que jusqu’au jour de son départ vous n’aviez pas reçu un seul № du J<ournal> de St-P<étersbourg>, et cependant l’abonnement court depuis le 1er juillet. C’est indigne.

A Tsarskoïé j’ai revu enfin la Comtesse Orloff-D<avidoff>, de Nice, qui m’a beaucoup <demandé>[33] de vos nouvelles. Elle a gardé une mine de l’autre monde tout en restant dans celui-ci.

Je campe toujours encore dans le grand salon. La cheminée est faite… et sur ce, je prie Dieu, etc. — Je t’écrirai dimanche prochain. Dieu v<ou>s garde.

Перевод

Петербург. Четверг. 28 июля

Если на моих письмах отражается настроение, в котором я нахожусь, когда их пишу, то я удивляюсь, как они могут вызывать в тех, кто их читает, иное чувство, кроме отвращения… Правда, пишу я их всегда по утрам, а в утренние часы меня особенно тяготит присутствие собственной персоны.

Я прибыл сюда в воскресенье вечером* и узнал, что накануне мы едва-едва не погорели. Огонь вспыхнул около девяти часов утра в глубине двора, а пожарные насосы подоспели только в 10. Пламя обхватило три этажа.

Я мельком видел Дмитрия, который вновь обрел своего Пилада*. По-моему, мальчик переживает сейчас счастливейшие минуты. Он признался мне, что очень скучал в деревне. — Сегодня ожидаю Китти, которая приедет повидаться с Муравьевыми, а вечером мы вместе вернемся в Царское. Не общества недостает мне тут, отнюдь нет. Меня рвут на части. Но все это какая-то суета, меня утомляющая и раздражающая, или, вернее, за всем этим нет ничего, кроме одного ощущения, одного впечатления, которое отравляет все и о котором… бессмысленно говорить…

Дарье, кажется, лучше. Несомненно одно — она находит удовольствие в обществе своей сестры и хотела бы удержать ее при себе*. Давеча они пять часов подряд провели в саду. Даже обедали там.

В политике мы чудовищным образом оконфузились. Кое-кому взбрело в голову требовать конгресса*, когда никто его уже не хочет. Милейший князь*, несмотря на свою гордую независимость, не посмел противиться этой блажи, за которой, в сущности, скрывается нежная забота о бедных немецких родственниках*. И нам воздали по заслугам: насмеялись над нами. В этой нашей глупейшей инициативе мы нашли лишь одного союзника — Португалию, — и то, я полагаю, тут расстаралась госпожа Мойра. — Словом, вид у нас жалкий. Мы как животное, застрявшее в своем развитии на том этапе, когда особь еще не вычленяет себя из стада.

Я узнал от Дмитрия, что до дня его отъезда ты не получила еще ни одного № «Journal de St- Pétersbourg», между тем как подписная плата взимается с 1 июля. Это безобразие.

В Царском я увиделся наконец с графиней Орловой-Давыдовой, приехавшей из Ниццы, и она много расспрашивала меня о вас. У нее по-прежнему вид человека не от мира сего, хотя в иной она переходить вовсе не собирается.

Я все еще обретаюсь в большой гостиной. Камин готов… а засим — Господи, помоги, и т. д. — Напишу тебе в будущее воскресенье. Да хранит вас Бог.

Тютчевой Эрн. Ф., 31 июля 1866*

88. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 31 июля 1866 г. Царское Село

Tsarskoïé-Sélo. 31 juillet

Ma chatte chérie, j’éprouve le besoin de t’écrire une lettre moins maussade que la dernière, bien que je suis sûr que tu n’y as pas pris garde, et que, p<ar> c<onséquent>, tu pouvais parfaitement bien te passer de cette réparation. Je me sens devenir de jour en jour plus insupportable, et la fatigue que j’éprouve à courir après tous les moyens de m’étourdir, pour masquer le grand vide qui est devant moi, n’ajoute pas peu à mon irritation habituelle. Dieu, qu’il y aurait de belles choses à dire là-dessus!

Hier je dînais chez Olympe Bariatinsky…* La pauvre femme, si achevée dans sa nullité, ne se doutait guères de l’impression qu’elle produisait sur moi. Et tout l’entourage était à l’avenant. Ah quelles sottes gens! Elles donneraient de l’ironie à une huître. Il y avait là surtout un petit diplomate autrichien qui est le modèle du genre…

Les lions du jour, en ce moment, ce sont les Américains*. Je vous renvoie pour les détails aux journaux, surtout à celui de St-Pétersbourg que vous ne recevez pas, bien que vous y soyez très positivement abonnées…

Je les verrai demain soir à Pavloffsk, et c’est même la raison qui a retardé ma rentrée en ville… Je suis très curieux de voir, comment sont faits les gens qui nous aiment… Cela me paraît plus curieux encore que leurs monitors* que tout le monde court voir à Kronstadt, et que j’irai voir aussi peut-être dans le courant de la semaine prochaine, en allant à Péterhoff, où il me tarde d’apprendre par Gortchakoff, lui-même, tout le détail de la sottise qu’ils ont faite…* Et c’est le cas de leur demander, à propos de sottise, quand finira-t-elle? Car toute leur manière d’agir ne saurait être qu’une sottise continue, grâce au point de départ complètement faux qu’ils ont adopté… Tout cela nécessite un renouvellement complet. Toute notre politique étrangère est comme la langue russe, parlée par ces messieurs, ce n’est que du français traduit… Il viendra un jour, j’espère, où l’on ne comprendra pas que de pareils types aient pu exister.

On ne sait rien encore quant à la date positive de la rentrée de la Cour à Tsarskoïé. Un voile religieux recouvre encore ces augustes mystères, mais on se permet de conjecturer que ce ne sera pas avant la moitié du mois… etc. etc.

J’ignore encore l’objet précis de la mission de Manteuffel*, arrivé depuis trois jours, mais elle se laisse pressentir. S’il est vrai que Napoléon réclame les frontières de 1814, bien que ce soit le minimum de ce qu’il pourrait avoir à demander, cela ne laissera pas que de mettre le cabinet prussien dans un grand embarras, attendu qu’il y aurait autant d’inconvénients p<our> lui de refuser que d’accorder… Toute la situation de l’Europe n’est qu’un piège. La crise ne fait que de commencer. Elle est loin encore de son apogée…

Depuis quelques jours il fait assez beau, et par un rayon de soleil un peu chaud et un ciel pur les jardins de

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