Прощай, милая моя дочь, скоро увидимся.

Ф. Т.

Тютчевой Е. Ф., 6 июля 1868*

174. Е. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 6 июля 1868 г. Петербург

Pétersbourg. Ce 6 juillet 1868

Ma fille chérie, je suis touché plus que je ne puis le dire de votre pieuse indulgence pour moi qui la mérite si peu. C’est dans une de mes excursions aux environs de Pétersb<ourg>, à Старая Русса*, nommément — où je suis allé, je ne sais comment — que j’ai reçu ta dernière lettre, toute embaumée de calme et de fraîcheur, et à laquelle je réponds en ce moment du fond d’un étouffoir… Cela nous fait un dialogue dans le genre de celui, cité par l’Evangile, entre le juste qui est au sein d’Abraham, et le mauvais riche qui, au fin fond de la géhenne, lui demande piteusement une goutte d’eau*. Moi, c’est un souffle d’air frais que je demande dans ce milieu où l’on suffoque non seulement de la chaleur étouffée de la ville, mais aussi de la fumée de l’incendie qui, à plusieurs verstes à la ronde, enveloppe tout Pétersb<ourg>, grâce à la tourbe qui brûle et qu’on laisse brûler le plus tranquillement…* On nous dit que plus tard cela fera de l’excellente terre… Eh bien, souffrons dans l’intérêt de l’avenir. — Pas moins, cette lettre écrite, je compte aller trouver Paul Melnikoff, pour prendre avec lui mes derniers arrangements quant à mon départ pour Moscou, où il viendra me prendre, pour m’emmener avec lui jusqu’à Orel par le chemin de fer, ce qui, assurément, est la seule chance que j’aie d’arriver jamais jusqu’à Ovstoug*, d’où je ne reviendrai qu’au mois d’août, c’est- à-d<ire> à l’époque <…>.

<Конец письма утрачен>

Перевод

Петербург. 6 июля 1868

Моя милая дочь, не могу выразить, как тронут я твоей благоговейной снисходительностью к отцу, столь мало ее заслуживающему. В одном из моих блужданий по окрестностям Петербурга, а именно в Старой Руссе*, — куда я забрался сам не ведаю как, — нашло меня твое последнее письмо, все дышащее покоем и свежестью, а отвечаю я на него из самого пекла… Наша беседа сродни приведенному в Евангелии диалогу между праведником, покоящимся на лоне Авраамовом, и грешным богачом, который жалобно взывает к нему из глубин геенны, умоляя о капле воды*. Я же молю об одном глотке свежего воздуха, ибо тут задыхаешься не только от застоявшегося городского зноя, но и от дыма, окутавшего весь Петербург на несколько верст окрест из-за пожара торфяных болот, которым спокойно дают выгорать…* Нам говорят, что впоследствии на этом месте будет прекрасная земля. Итак, потерпим ради будущего. — Тем не менее, я намерен, закончив это письмо, отправиться к Павлу Мельникову, чтобы окончательно условиться с ним насчет моего отъезда в Москву, где он нагонит меня и увезет с собой в Орел на поезде, что, безусловно, предоставляет мне единственный шанс когда-либо добраться до Овстуга*, откуда я вернусь лишь в августе месяце, то есть ко времени <…>.

Самарину Ю.Ф., 13 июля 1868*

175. Ю. Ф. САМАРИНУ 13 июля 1868 г. Петербург

Pétersbourg. Ce 13 juillet 1868

Enfin, cher Юрий Федорович, je puis vous donner des nouvelles de votre caisse de livres qui, comme un bâtiment longtemps perdu en mer, s’est heureusement retrouvé au port. La dite caisse se trouve en ce moment déposée au Comité, en attendant vos ordres quant à sa remise définitive*. Ce que j’attends, moi, et avec bien plus d’impatience encore, ce sont vos publications de Prague, nommément celle dont vous avez si heureusement empêché l’avortement par une fuite aussi prudente que prompte…*

A en juger par les journaux de ce qui se passe là où vous êtes, vous assistez à ce moment à une curieuse expérience — à l’effort d’un moribond qui cherche sournoisement à étouffer un adversaire dont il n’a jamais pu venir à bout, même lorsqu’il était plein de vie et de vigueur*, mais ce spectacle, tout instructif qu’il est, vu de près, doit être profondément triste et écœurant… Il serait fort à désirer, toutefois, dans l’intérêt de la bonne cause, que les choses, pour le moment au moins, ne soient pas poussées jusqu’à l’extrême, c’est-à-d<ire> jusqu’à un conflit matériel qui serait fatal au bon droit, attendu que la Russie, hélas, n’est pas encore à point, pour lui prêter main-forte, et que tout autre secours, surtout un secours, venant du côté de la Prusse, lui serait positivement fatal. Mais une fois venu le jour de la grande lutte, on peut, je crois, affirmer, contrairement à l’assertion de Beust, que Prague ne sera pas livrée par la Russie. Ceux, qui nous gouvernent, n’en savent assurément rien à l’heure qu’il est, mais ils ne manqueront pas de le savoir quand le moment sera venu… C’est cette confiance, parfaitement motivée et légitime, qu’il s’agirait par tous les moyens possibles de propager en Bohême. Car une Bohême slave, parfaitement autonome et indépendante, la Russie dans son intérêt le plus évident aurait dû l’inventer, si elle n’existait déjà en principe, et cette assertion est beaucoup plus vraie que celle de Palazky* dans le temps… Une Bohême indépendante, appuyée sur la Russie, telle est la combinaison très simple et très efficace que l’histoire tient en réserve, pour faire à son heure échouer l’unité de l’Allemagne qui, en dépit des apparences, a, selon <moi>, moins de chances que jamais à se réaliser et n’aboutira, en définitive, à n’être qu’une Prusse considérablement agrandie.

Mais on devrait avoir honte de toute cette logomachie tant de fois ressassée et de tout ce bavardage politique à perte de vue devant ce sombre et sinistre silence que gardent encore les événements…

Ici, pour le moment, l’événement du jour c’est la désertion générale, pas précisément un exode, mais une sortie de classe. Dans huit jours Pétersbourg sera complètement désert. Moi, pour ma part, je compte après demain m’en aller à Moscou, et de là à la campagne… L’autre jour je me trouvais à Oranienbaum où il a été beaucoup et bien affectueusement question de vous… La G<rande>-D<uchesse> Hélène comptait partir pour Carlsbad mercredi prochain, c’est-à-d<ire> le 17 de ce mois.

Et sur ce laissez-moi — en attendant vos ordres — vous serrer la main et me dire, cher Юрий Федорыч, votre bien dévoué Ф. Тчв.

Перевод

Петербург. 13 июля 1868

Наконец-то, любезный Юрий Федорович, могу доложить вам о вашем ларе с книгами, который, подобно кораблю, долго пропадавшему в море, благополучно вошел в гавань. Теперь вышеназванный ларь стоит в Комитете, ожидая ваших распоряжений относительно вручения его по принадлежности*. Я же ожидаю, и еще с большим нетерпением, ваших пражских изданий, а именно того, срыву которого вы так успешно помешали своим столь же мудрым, сколь быстрым

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