всех троих.
Сию минуту получил от Аксакова ужасную весть, вот она:
«Вчера, утром, после 80 часов страдания, помощию инструмента, разрешилась Анна мертвым перерослым младенцем. День прошел без опасности здоровью, но слаба, страдает. Аксаков»
Сегодня же еду в Москву. Храни вас Господь.
Богдановой Е. К., 25 октября 1867*
Moscou. Mercredi. 25 octobre
Je pourrais en effet commencer ma lettre comme vous me l’aviez indiqué. Ce serait assez conforme à l’avis du médecin et au témoignage d’Aksakoff lui-même, mais je n’en ai pas le courage — je crains de me rassurer trop tôt…
D’ailleurs je n’ai pas encore vu Anna. Je suis censé n’arriver que ce matin. Hier, comme elle insistait pour avoir de mes nouvelles, on lui a dit, pour essayer ses forces, qu’on venait de recevoir un télégramme de Dmitry, annonçant que j’étais parti. Aussitôt elle s’est mise à pleurer. Ce qui m’a engagé à ajourner mon apparition jusqu’à ce matin…
Les détails, que m’a donnés Aksakoff sur ces 80 heures de torture, sont horribles*. Je vous les épargne… Et si elle en est sortie vivante, c’est grâce à son incroyable énergie morale, et il faut bien le dire aussi, grâce à son exaltation religieuse. Car c’est par là qu’elle a dominé, qu’elle a refoulé la douleur, la révolte intérieure de n’avoir tant souffert, que pour mettre au monde qu’un cadavre…
En pareille conjoncture il faut bénir, pour ne pas maudire, — et la moindre irritation, si elle s’y était laissé aller, l’aurait bien certainement tuée. — Mais encore une fois, je suis loin de chanter victoire…
D’après tout ce que j’ai appris, l’accoucheur, qui l’a assistée, doit être un fier ignorant, autrement il n’aurait pas laisser durer 80 heures la torture que la pauvre créature a eu à subir. Mais rien n’a été fait à temps, et quand l’enfant a été enfin extrait tout d’une pièce, on a cru reconnaître à certains signes qu’il était mort, étranglé, depuis plus de deux fois vingt-quatre heures. Il est vrai que ce malheureux enfant était d’un volume monstrueux, il mesurait quinze
Mon voyage s’est fait tristement, mais commodément. Je n’avais pour compagnon de route dans le grand compartiment, qu’un seul individu — connu d’ailleurs — un Prince Mestchersky, ami de Sophie
Et maintenant au revoir… à votre prochaine lettre. Est-ce que je vous manque un peu? Ne craignez pas de me l’avouer.
Москва. Среда. 25 октября
Я и в самом деле мог бы начать свое письмо так, как вы мне наказали. Это, в общем-то, согласовывалось бы с мнением доктора и свидетельством самого Аксакова, но мне недостает мужества, — я боюсь успокоиться слишком рано…
К тому же я еще не видел Анны. Изображается, будто я прибываю только сегодня утром. Вчера, в ответ на ее настойчивые обо мне расспросы, ей сказали, желая проверить, достаточно ли она крепка, что от Дмитрия получена телеграмма, извещающая о моем выезде. Она тотчас же расплакалась. Это и побудило меня отложить свое появление до сегодняшнего утра…
Подробности этих 80 часов мучений, сообщенные мне Аксаковым, ужасны*. Избавлю вас от них… И если она вышла из них живою, то благодаря своей невероятной силе духа и, еще надо сказать, благодаря своей пылкой вере. Ибо именно с их помощью она подавила, она усмирила отчаяние, внутренний бунт против того, что столько страданий перенесено только затем, чтобы произвести на свет труп…
В подобной ситуации от проклятий может удержать лишь готовность благословить, — малейшее же раздражение, если бы она ему поддалась, несомненно убило бы ее. — Но повторяю, я далек от того, чтобы праздновать победу…
Судя по всему, что я узнал, принимавший роды акушер должен быть чудовищным невеждой, иначе он не допустил бы, чтобы пытка, которую терпела бедняжка, длилась 80 часов. Но ничего не делалось вовремя, и когда ребенок был наконец извлечен целиком, по некоторым признакам заключили, что он уже более двух суток как мертв, удушен. Правда, это несчастное дитя было ненормально крупным, пятнадцати
Путешествие мое было нерадостным, но комфортным. Просторное купе со мной делил всего один попутчик — к тому же знакомый — некий князь Мещерский, приятель Софи
Засим прощайте… до вашего следующего письма. Скучаете ли вы по мне немножко? Не бойтесь в этом признаться.
Тютчевой Эрн. Ф., 27 октября 1867*
Moscou. Vendredi. 27 octobre
Ma chatte chérie. C’est hier que tu dois avoir reçu, par moi aussi bien que par Jean, la triste nouvelle des couches d’Anna. Je suis parti aussitôt, pour venir ici, m’attendant au pire… Ce pire, Dieu merci, ne s’est pas réalisé. Dès mon arrivée je l’ai déjà beaucoup mieux que je n’osai l’espérer — et aujourd’hui, septième jour après ses couches, ce mieux se soutient et s’affirme.
Mais ces couches ont été quelque chose d’horrible… 80 heures de travail, et tout cela pour mettre au monde un enfant mort. — Il y a de ces combinaisons d’une cruauté si savamment ingénieuse qu’on est forcé d’y voir une intention… providentielle. Reste seulement à la qualifier… L’enfant, à ce qu’il paraît, était plus que développé. Il mesurait quinze verschoks et avait l’air d’un nouveau-né de trois mois. Quand il est venu au monde, il était mort, au dire de l’accoucheur, depuis deux fois vingt-quatre heures, étranglé par le cordon ombilical, deux fois roulé autour de lui… C’était un massacre…
Je ne puis admettre que les choses n’eussent pu se passer autrement et qu’un accoucheur, qui laisse durer le travail 80 heures avant de recourir aux fers, ne soit un imbécile. Déjà durant la grossesse son manque absolu d’appréciation aurait dû le faire supposer, et certes tes avertissements, que j’avais soin, chaque fois, de transmettre à Anna, n’étaient que trop fondés… Mais rien n’y a fait, il fallait que les choses se passassent ainsi… Ce qui a sauvé dans cette terrible crise la vie de la pauvre Anna, c’est sa grande énergie morale et, je dois le reconnaître, sa foi religieuse. Dix minutes après ses couches elle se confessait, et se remontait par la confession. — Si elle eût fléchi