некоторою отрадой можно еще на словах, а не в письме. Итак, прости, до свидания. Сохрани тебя Господь Бог и помилуй.

Ф. Тчв

Pétersbourg. Mardi. 13 juin

Voici d’abord le bulletin de Dima^*, tel qu’il m’a été dicté par son médecin homéopathe: pas de fièvre, faiblesse moindre, la douleur diminuée dans la main gauche, etc. etc., en un mot une certaine amélioration, avec la chance de pouvoir dans une huitaine de jours être transporté à Oranienbaum… Tout cela n’empêche pas que l’état de ce pauvre garçon, plus encore au moral qu’au physique, de ces 26 ans condamnés à une existence de vieillard, ne me navrent le cœur. On a, p<ar> la recommandation du médecin, enlevé les doubles fenêtres dans sa chambre à coucher pour donner plus d’air à son appartement. Je multiplie mes rentrées à la maison pour le voir plus souvent, ce qui n’empêche pas qu’il n’ait des heures de solitude qu’il passe dans un état de somnolence et de transpiration continuelle.

Hier nous avons été à la gare, Madame Акинфьев en tête, recevoir notre cher Prince jubilaire — que nous allons fêter aujourd’hui^*. J’avais lu le matin son compte rendu de la conversation intime qu’il avait eu avec l’Emp<ereur> Napoléon^*. C’est de l’eau claire, et la première conversation venue entre deux individus, n’importe lesquels, aura juste le même degré d’efficacité et d’influence sur l’état des questions pendantes que ce dialogue, soi-disant politique, dont le cher Prince a fait à peu près tous les frais. En un mot, c’est niais, comme tout le reste… On parle de la démission offerte par deux Ministres, Милютин et Зеленый, ce qui s’explique tout naturellement^*. Une troisième demande de démission c’est celle de notre ambassadeur à Constantinople^* — qui se juge trop compromis par l’absence de toute direction sérieuse de notre politique en Orient. — Il n’y a pas de mots, pour qualifier dûment et dignement toutes ces écrasantes nullités qui s’agitent au pouvoir. — Maintenant voici des nouvelles pour toi. — Ta disparition a produit en moi comme un redoublement de vide, et l’heure du réveil en est devenue encore plus angoissée… Hier dans la matinée j’ai eu un long tête-à-tête avec Mad<ame> Акинфьев, et le soir j’ai été aux Iles, chez la P<rinc>esse H<élène> Кочубей. Et c’était le cas d’appliquer le dicton russe: «Утро вечера мудренее». — Merci de votre exactitude télégraphique. Puissent les nouvelles suivantes être de même nature. — Conserve-toi — c’est p<our> le moment mon unique soucis.

Петербург. Вторник. 13 июня

Вот прежде всего бюллетень о состоянии здоровья Димы^*, таков, как он мне был продиктован его врачом-гомеопатом: отсутствие лихорадки, уменьшение слабости и боли в левой руке и т. д. и т. д., одним словом, некоторое улучшение, подающее надежду на то, что через неделю он сможет быть перевезен в Ораниенбаум. Несмотря на все это, положение бедного мальчика, еще более с нравственной стороны, чем с физической, в двадцать шесть лет обреченного на существование старика, раздирает мне душу. По совету врача в его спальне вынули двойные рамы, чтобы дать воздуху свободный доступ в его комнату. Я учащаю свои возвращения домой, чтобы больше его видеть, и тем не менее у него бывают часы одиночества, которые он проводит в дремоте и постоянной испарине.

Вчера мы, с госпожой Акинфиевой во главе, ездили на вокзал встречать нашего милого князя- юбиляра, которого мы будем чествовать сегодня^*. Утром я прочел его отчет о личном разговоре, который он имел с императором Наполеоном^*. Это переливание из пустого в порожнее, так что любой разговор между двумя первыми попавшимися людьми мог бы в той же мере содействовать решению назревших вопросов, как сей мнимо политический диалог, тяжесть которого легла почти исключительно на плечи милейшего князя. Одним словом, это не менее глупо, чем все остальное. — Поговаривают о том, что два министра, Милютин и Зеленый, подали в отставку, что совершенно естественно^*. Третье прошение об отставке было подано нашим послом в Константинополе^*, который считает себя сильно скомпрометированным отсутствием всякого серьезного направления в нашей восточной политике. — Не хватает слов, чтобы надлежащим и достойным образом определить всех этих угнетающе ничтожных людишек, суетящихся во власти. — А теперь новости для тебя. Твое исчезновение как бы удвоило живущее во мне ощущение пустоты, которое делает особенно тоскливыми часы пробуждения… Вчера утром я долго беседовал наедине с госпожой Акинфиевой, а вечером был на Островах у княгини Елены Кочубей. Вот подходящий случай вспомнить русскую пословицу: «Утро вечера мудренее». — Благодарю тебя за твою телеграфическую точность. Лишь бы последующие известия были такого же свойства. — Береги себя — это в данную минуту моя единственная забота.

St-P<étersbourg>. 14 juin

C’est encore à Moscou que je t’adresse cette lettre dans l’espoir qu’elle pourra encore t’y trouver. — Je suis heureux de pouvoir te dire en l’honneur de jour de la fête de Dima que le pauvre garçon va beaucoup mieux, et que le médecin qui l’a vu hier lui a dit qu’il pourrait sortir demain, en voiture. Hier et avant hier toute la famille Melnikoff^* l’a visité et lui a promis de revenir aujourd’hui. — C’est après demain qu’elle se transporte à Oranienbaum où j’espère pouvoir sous peu de jours leur amener leur enfant d’adoption.

Hier a été célébré le jubilé — puisque c’est ainsi que cela s’appelle — du cher Prince^*. A onze heures nous étions tous réunis dans la chapelle du Ministère où se sont dites les prières, après quoi nous nous sommes transportés dans les grands appartements où était déposé le fameux album, contenant 460 portraits, tous perdus pour la postérité. Là, au milieu d’un cercle, formé autour du jubilaire, son adjoint Westman a lu l’adresse. Mais jusqu’à ce moment pas la moindre nouvelle de sa nomination de Chancelier. On se livrait à toute sorte de conjectures, l’incertitude devenait angoissante, lorsque tout à coup, au milieu de ce silence qui devenait embarrassant, une voix ferme et claire a annoncé l’arrivée d’un rescrit Impérial. C’était sous forme de dépêche télégraphique un billet très affectueux de l’Emp<ereur>, lui annonçant sa nomination au titre de Chancelier… Jomini en a fait la lecture, et pendant qu’il lisait, je regardais la bonne figure de ce pauvre cher vieux, arrivé au comble des honneurs et n’ayant dans ce genre-là plus rien en perspective que les magnificences d’un enterrement de Chancelier — il avait de la peine à refouler ses larmes. — Et ce qui prouve, combien c’est une nature bonne et sympathique, c’est qu’autour de lui l’attendrissement était général… Quand je me suis approché de lui, pour le féliciter, nous nous sommes embrassés comme deux pauvres. — Aujourd’hui je dîne chez lui, et j’aurai des détails sur la réception des dames.

Je voudrais bien savoir, comment tu vas, et si tu parles toujours encore du nez, autant que tu le faisais