13 января 1867
Вот, княгиня, мое скромное приношение, которое свидетельствует, по меньшей мере, о том, что я всегда к вашим услугам. Это несколько еще не изданных русских стихов, выражающих мысль, которая сквозит в любом творении рук человеческих… Я непременно хотел написать в ваш альбом
Вы понимаете, княгиня, как мы ими дорожим.
Ф. Т.
Аксаковой А. Ф., 22 января 1867*
Pétersbourg. Dimanche. 22 janvier 1867
Ma fille chérie, je t’écris, comme dans le bon vieux temps, par occasion particulière grâce aux influences nouvelles qui dominent p<our> le moment…* J’avais bien pensé que
D’ailleurs il n’y a pas à se le dissimuler… Il y a entre la pensée Aksakoff et l’esprit bureaucratique, qui fait le fond de la direction de la presse, un abîme incomblable et qu’une phraséologie vague et lâche pourrait seule au besoin dissimuler. Mais chaque fois que cette pensée apparaîtra claire et précise, elle sera sûre de se heurter contre l’autorité. Il y a là l’antagonisme de principes. Maintenant l’expérience est faite. La législation actuelle sur la presse n’est qu’une censure désorganisée*. — C’est là encore un de ces stupides plagiats qui forment le fond de notre science législative, et par une ironie du sort bien méritée, il se trouve que le modèle, reproduit par nous avec tant de servilité, est brisé sous nos yeux par la main même qui l’avait créé…* Il sera curieux de voir combien de temps nous nous permettrons de porter cette crinoline législative après qu’on aura cessé de la porter à Paris… Tout cela ferait rire si cela ne donnait pas la nausée… Heureux ceux parmi nous qui aiment à mépriser… Car ceux-là peuvent tailler en plein drap… Parfois il m’arrive même d’être attendri à la vue de tant d’imbécillité naïve et inconsciente. C’est la disposition d’esprit où je me trouve pour le moment à la vue de ce qui vient de se passer*, au moins par rapport à ce pauvre cher homme qui est comme un bon diable un peu bête*. Il n’en est pas ainsi de ses serviteurs, et mon attendrissement ne s’étend certes pas à Шувалов et à Левашов qui ont, par une sotte susceptibilité blessée de gens médiocres au pouvoir, amené tout ce gâchis*. Mais ce n’est qu’en entrant dans des détails infinis, que ma paresse épistolaire ne comporte pas, qu’on pourrait donner une idée quelque peu juste de ce qui vient de se passer… Mais là aussi il y avait du plagiat. Ces imbéciles n’ont pas manqué de s’imaginer qu’ils faisaient leur coup d’état du 2 décembre* — toute la police était sur pied, on s’attendait à de la résistance, à des barricades peut-être, et c’est avec un air de triomphe contenu que Левашов est venu le soir dans la loge de l’Empereur visiblement ému et inquiet: «Все кончилось благополучно». Ah, triples sots… Le plagiat n’a pas manqué aussi du côté opposé. Car plusieurs d’entre ces messieurs étaient pleins de leur importance et flottaient agréablement entre les souvenirs du Jeu de Paume et ceux de la Grande Charte*. La réalité de leurs prétentions était pourtant des plus modestes, et le gouvernement lui-même serait fort embarrassé de formuler une accusation qui eût une apparence de sens commun…* Car pour mettre le comble à toute cette ridicule et plate comédie, au moment même où l’Assemblée était occupée de tendances factieuses, le Ministre de l’Intérieur présentait à l’Empereur un projet d’une députation centrale des différents земства, et le grand homme du jour — Шувалов lui-même — est, dit-on, occupé de quelque chose de semblable avec son ami Alexis Bobrinsky…* En un mot c’est un tas d’idiots qui viennent d’avoir bu…
La seule réalité dans tout ce fatras, c’était cette velléité d’arbitraire, essayant de se reproduire dans ces ordres d’exil*. Mais ceci, également, n’a pas abouti, et cet avortement-là est le seul résultat positif de tout cet imbroglio odieux.
Mais je me sens l’esprit tout fané et tout alangui, et suis obligé de remettre à une autre occasion la suite de cette lettre.
Петербург. Воскресенье. 22 января 1867
Моя милая дочь, ввиду действующих сейчас новых порядков пишу тебе, как в старые добрые времена, с оказией…* Я так и думал, что
Впрочем, надо смотреть правде в глаза… Между аксаковской мыслью и бюрократическим сознанием, лежащим в основе управления нашей печатью, зияет непреодолимая пропасть, маскировать которую могла бы, при необходимости, только вялая и расплывчатая фразеология. Но стоит этой мысли выразиться ясно и четко, столкновения с властью не миновать. Тут речь идет об антагонизме принципов. Теперь можно судить по опыту. Нынешний закон о печати есть не что иное, как неорганизованная цензура*. — Это лишь один из тех нелепых плагиатов, которые составляют суть нашей законодательной науки, и насмешница судьба преподает нам заслуженный урок, показывая, как модель, столь рабски нами воспроизведенная, разрушается рукой, ее создавшей…* Любопытно знать, долго ли мы будем носить сей законодательный кринолин после того, как его перестанут носить в Париже… Над всем этим впору бы посмеяться, да только тошно… Счастливы те из нас, кому в радость издевки… Они могут разгуляться вовсю… Порой я даже прихожу в умиление от столь наивной и бессознательной глупости. Именно такое