ceux qui viennent le visiter. Il est un peu dans la position des détenus le jour où le public est admis à visiter les prisons…

Depuis hier, il y a un mieux sensible. Mais la débilité dans les pieds est encore telle que je ne puis encore appuyer le pied à terre, les muscles ont perdu tout leur jeu. Ma pauvre Marie n’est pas mieux, hier elle a même eu plus de fièvre. C’est là le point noir, grossissant sur mon horizon…

Les Aksakoff nous quittent aujourd’hui. Ils dînent chez nous et partiront ce soir.

N’est-ce pas hier qu’<on> a dû avoir le bal des étudiants. J’aime à croire que tout s’est bien passé. Eh bien, encore cette fois, à l’occasion de ce bal, la tenue de votre fils m’a beaucoup plu*. J’aime en lui cette première inspiration, toute spontanée, toute de science, de sens droit et d’équité… C’est là ce qui pare le mieux la jeunesse et témoigne le plus en sa faveur, surtout de nos jours. — Et à titre d’échantillon du contraire je n’ai pas manqué de raconter à quelques personnes les procédés de votre fameux Петя* qui vous somme de continuer à lui rendre service, tout en vous déclarant qu’il s’affranchit de la reconnaissance, comme étant contraire à ses principes. Quel parfait idiot.

Et l’enfant malade, comment va-t-il?

Et le flot de la vie coule toujours, emportant pêle-mêle tout ce qui nous occupe, nous inquiète ou nous rassure, nos espérances et nos terreurs, le deuil d’aujourd’hui et la fête de demain, — l’incident de la semaine et une histoire de plusieurs siècles. Ce serait à en avoir le vertige, si l’on n’était pas emporté aussi avec tout le reste. — Dieu vous garde.

Перевод

Четверг

Благодарю за вашу заботу, — нет, ваше присутствие меня ничуть не утомляет, как не утомил бы меня вольный воздух, будь я в состоянии по нему прогуляться. Но раз уж вы не почитаете за труд взбираться по моей лестнице, мне хотелось бы, по крайней мере, извлечь всю выгоду из этого благодетельного усилия и вволю насладиться вашим милым присутствием без того, чтобы меня то и дело отвлекали и дергали. А это так трудно осуществить несчастному больному, который, не будучи затворником, поневоле зависит от милости тех, кто заходит его навестить. Его положение сродни положению узников в тот день, когда к ним допускают посетителей…

Со вчерашнего дня мне заметно лучше. Однако в ногах еще такая слабость, что я не могу ступить на пол, мышцы совсем перестали действовать. Моей бедной Мари не легчает, вчера ее даже еще сильнее лихорадило. Вот черная точка, разрастающаяся на моем горизонте…

Аксаковы сегодня нас покидают. Они обедают у нас и вечером отбудут.

Вчера, мне помнится, должен был состояться студенческий бал. Надеюсь, все прошло хорошо. В связи с этим балом хочу, кстати, повторить, что мне очень понравилось, как держится ваш сын*. Мне импонирует в нем это юное воодушевление, столь непосредственное, все дышащее знанием, прямотой и справедливостью… Это то, что прежде всего украшает молодежь и свидетельствует в ее пользу, особливо в наше время. — А для иллюстрации обратного я не преминул рассказать кое-кому о вашем пресловутом Пете*, который требует от вас бесконечных услуг и при этом заявляет, что освобождает себя от благодарности, ибо она противна его принципам. Сущий идиот.

Как там больное дитя, поправляется ли?

А поток жизни мчится и мчится, унося с собой без разбора все, что нас занимает, беспокоит или успокаивает, наши надежды и наши страхи, сегодняшнее горе и завтрашний праздник, — происшествие недели и историю многих веков. От этого голова могла бы пойти кругом, если бы и мы не неслись вместе со всем сущим. — Да хранит вас Господь.

Аксаковой А. Ф., 11 июля 1872*

213. А. Ф. АКСАКОВОЙ 11 июля 1872 г. Петербург

Pétersbourg. Ce 11 juillet

C’est aujourd’hui, comme tu le sais, le 40ième jour depuis la mort de Marie et le 2d anniversaire de la mort de Dmitry*. C’est beaucoup de besogne que la Destinée a faite en peu de temps. Sans compter les autres morts qui se sont succédées dans l’espace de ces deux dernières années… Dans toute existence vient ainsi le moment de la grande liquidation, et quand elle a commencé, on ne sait jamais où elle s’arrêtera.

Je viens de passer quelques jours à Tsarskoïé, où, grâce à la sollicitude vraiment admirable de Daria, maman a été aussi bien qu’on pouvait le désirer, ce qui ne l’empêche pas, hélas, de s’y sentir malaisée — là comme ailleurs, et peut- être plus qu’ailleurs, grâce à cette maladive disposition de son esprit qui lui fait toujours appréhender d’être trop en vue, de s’imposer trop aux autres, etc. etc., grâce à cet excès de discrétion qui finit par dégénérer dans son contraire. Hélas, elle ne se doute pas, combien cette manière d’être, inhérente à sa nature, cette Menschenscheu a exercé d’influence sur la destinée de la pauvre Marie. C’est cette insociabilité invincible de sa mère qui lui a rendu, à un certain moment, son existence dans la maison paternelle si parfaitement insipide — malgré toute l’affection dont elle y était entourée, — que pour y échapper elle a sauté à pieds joints dans le plus absurde des mariages. Mais c’est ce que ma pauvre femme n’a jamais pu comprendre et ne comprendra jamais, tant il est vrai que l’homme, même le meilleur, le plus sincère pour lui-même, n’est pas fait pour se voir lui-même, pas plus que sans l’aide d’une glace il ne saurait voir sa propre figure.

Nous voilà pour le moment rentrés en ville qui est impossible. Aussi je me flatte qu’elle ne tardera pas à retourner à Tsarskoïé. Daria, encore une fois, met toute la bonne grâce imaginable à l’entourer de soins, et cependant j’aspire à la voir recouvrer au plus tôt la liberté de ses mouvements et l’entière disposition de sa personne… Ah oui, la position n’est pas facile, et je n’ai eu que trop raison de dire, que tout malheur est en même temps un désastre…

J’ai été <satisfait>[66] d’apprendre par ta dernière lettre que le 15 de ce mois Mr Федя allait être réintégré au Lycée* — il en était temps et pour lui, et pour toi, car je ne comprends que trop bien, combien dans ton état de santé sa turbulente présence devait peser sur tes nerfs, en même temps que cette prolongation de dissipation et d’indiscipline lui était préjudiciable à lui-même… Ce qui me satisfait moins, c’est ton voyage à Samara, avec ses fatigues et ses privations de tout genre. Je ne comprends même pas que, les ayant une fois expérimentées, tu commettes l’imprudence de t’y exposer derechef dans ton état actuel de santé. Et que deviennent donc toutes ces idées de rafraîchissement et de repos qui se rattachaient pour toi à celle de la possession de Tourovo*. Je te supplie de te ménager… et après ce qu’il vient de m’arriver, tu me dois bien cela. — Mille amitiés à ton mari.

Перевод

Петербург. 11 июля

Сегодня, как ты знаешь, 40-ой день со смерти Мари и 2-ая годовщина смерти Дмитрия*. Судьба за короткий срок собрала богатую жатву. Не считая прочих смертей, следовавших одна за другой в эти два истекших года… Так в любом существовании наступает пора великого опустошения, и если уж это началось, одному Богу известно, где конец.

Я провел несколько дней в Царском, где, благодаря поистине чудесной заботливости Дарьи, бедной мама́ было настолько хорошо, насколько это возможно, что не мешает ей, увы, чувствовать себя там

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