Je vous écris, ma fille chérie, pour avoir de vos nouvelles. Il me tarde d’apprendre, comment vous vous trouvez dans votre nouveau domicile, ce port de refuge, après toutes les traverses et tribulations que vous avez eu à subir dans le courant de cet été? Et où en est l’ensemble de la situation?..

Ici, calme complet… Et dans ce silence des affaires, de beaux soleils d’automne, se refroidissant par degrés, et de magnifiques clairs de lune… En ville presque pas de société dont les membres épars sont encore dispersés dans les environs. Ton frère, dont la santé s’est considérablement améliorée^*, se proposait de t’écrire et m’a demandé l’adresse de ton nouveau logement… que je te demande à mon tour, en te priant bien de ne pas oublier de me l’envoyer… Le Prince Wiasemsky, que je n’ai pas revu encore, se refuse à aller à Livadia^* — le pourquoi? je l’ignore. Il y a, probablement, là-dessous quelque bouderie d’amour-propre froissé… J’ai revu à ma rentrée en ville le Ministre G<énér>al Timascheff qui m’a fait l’accueil le plus gracieux. Il est vrai que nous avons soigneusement évité de parler affaires… ce qui est, je crois, la seule manière de s’entendre, etc. etc. etc. Maintenant je passe à ton mari.

Прочтите, Иван Сергеевич, книгу «La Religion progressive», p<ar> J. E. Alaux^*, спросите ее у Ведрова, который вам ее доставит. — Любопытная вещь, одно из знаменьев века. Книга эта писана католиком, убедившимся в окончательной несостоятельности современного католицизма ввиду предстоящего Собора. Она, так сказать, писана на паперти православной церкви, но человеком, сидящим спиною к ней… Сто́ит прочтения…

Куда бы хорошо было, если бы еще до открытия Собора^* вы издали хоть в виде сборника несколько отдельных статей по этому вопросу. Этому — все прочие вопросы вмещающему в себе вопросу. Подумайте, до какой степени это настоятельно нужно и что вы одни можете удачно этим заняться. — Главное, чтобы это как можно менее походило на книгу, а на живое слово.

Здесь получен немецкий перевод «Окраин», составленный известным Экартом^*, с его примечаниями — я перешлю вам это. — Какой-то добрый человек хотел было издать на немецком статьи Погодина в ответ Ширрену^* — не разрешили, чтобы-де не навлечь на правительство подозрения в тенденциозности. Что, каково?.. Это что-то вроде Гегелевой безразличности… Простите.

А что ваш процесс?..

Петербург. 4 сентября

Пишу тебе, моя милая дочь, затем, чтобы ты откликнулась. Мне не терпится знать, как вы чувствуете себя в вашей новой квартире, этой тихой гавани, после всех трудностей и треволнений, пережитых вами летом? И каково общее положение дел?..

Здесь совершенное затишье… И при этом отсутствии деятельности, яркое осеннее солнце, пригревающее день ото дня меньше и меньше, и восхитительные лунные ночи… Город почти пуст, разрозненные представители общества все еще рассеяны по окрестностям. Твой брат, чье здоровье значительно улучшилось^*, собирался тебе написать и спрашивал у меня твой новый адрес… который я, в свою очередь, спрашиваю у тебя, заклиная не забыть мне его прислать… Князь Вяземский, с коим я пока не виделся, отказывается ехать в Ливадию^* — почему? не знаю. Возможно, за этим капризом кроется ненароком задетое самолюбие… По возвращении в город я посетил генеральствующего министра Тимашева, оказавшего мне самый любезный прием. Правда, мы старательно избегали говорить о делах… что только и позволяет нам, по-моему, ладить друг с другом, и т. д. и т. д. и т. д. Теперь обращаюсь к твоему мужу.

Продолжение письма, написанное по-русски, см.: с. 375—376

Pétersbourg. Lundi. 22 septembre <18>69

Tu me demandes dans ta dernière lettre plus de détails sur ce qui me concerne. En voici. Hier soir, en rentrant chez moi, j’apprends qu’un grand scandale venait de s’y passer par le fait du malheureux Job. Rentré ivre d’une prétendue course au cimetière du couvent des Femmes, il s’est pris de querelle avec l’isvoschik qui l’avait amené, et, au lieu de le payer en monnaie, il l’a gratifié de deux énormes soufflets. Puis — chose douloureuse à dire — il s’est attaqué au pauvre Brochet qui, lui aussi, a eu à subir le même traitement que l’isvoschik. Sur ce on est allé quérir la police, et on a emmené l’énergumène Иов au violon. — L’indignation de la cour de l’église Arménienne, témoin involontaire de toutes ces violences, est générale, et on me demande à grands cris le renvoi immédiat de ce perturbateur du repos public, ce que je suis assurément très disposé à accorder. — Pour le moment il est au violon où il sera gardé, à ma demande, pendant deux fois vingt-quatre heures. Je suis allé mettre Dima au fait de ce qui s’est passé et l’ai engagé à me prêter le concours de sa présence, quand il s’agira de la remise des clefs, attendu que j’ignore absolument la qualité des objets confiés par vous à la garde de ce drôle et que le timoré Brochet, pour mettre sa responsabilité à couvert, aimerait pouvoir s’appuyer du témoignage de Dima. Voilà, assurément, une sotte histoire, et avec le caractère méchant et sournois de l’individu on ne peut jamais être sûr qu’elle n’ait quelque mauvaise queue à sa suite^*. C’est du moins là l’appréhension du Brochet…

Avant hier, samedi, je suis allé dîner chez les Wiasemsky. Mais comme ce jour-là c’était la fête de la jeune Comtesse Chérémetieff, leur petite-fille, je me suis à leur demande joint à eux pour aller fêter de compagnie les vingt ans révolus de la jeune femme. Elle est très gentille et son mari aussi, et cela fait un très joli couple… Il y a donc d’heureux mariages… En rentrant le lendemain en ville, j’y ai trouvé une dépêche télégraphique, arrivée en mon absence, de la part d’Aksakoff, m’annonçant qu’il ne passerait pas par Pétersbourg et qu’il comptait faire prendre à sa mère et à son funèbre cortège le chemin de fer d’Orel^*. Ainsi il aura passé à votre porte…

Rien de certain jusqu’à présent au sujet de l’Impératrice. On croit généralement ici qu’elle ne retournera pas pour l’hiver à Pétersb<ourg>, mais on n’a pas des conjectures sur tout le reste. Quant à l’Empereur, il est toujours attendu pour le 10 octobre à Tsarskoïé. — Une lettre de Daria à son frère Ch<arles> Péterson lui apprend que le 14/26 de ce mois elle avait reçu les ordres de l’Impératrice et qu’elle allait se mettre en route^*.

Voici mon bulletin. Il me semble qu’il est suffisamment riche de faits et de renseignements. Je n’ai plus rien à y ajouter. Le temps, grâce aux gelées du matin, est clair et beau dans le genre froid. Ma santé n’est pas mauvaise. J’embrasse Marie. T. T.

Петербург. Понедельник. 22 сентября <18>69

В своем последнем письме ты просишь сообщать тебе больше подробностей, касающихся моего существования. Изволь. Приезжаю вчера вечером домой и узнаю о грандиозном скандале, учиненном злосчастным Иовом. Возвратившись пьяным якобы с кладбища Новодевичьего монастыря, он поругался с привезшим его извозчиком и вместо того, чтобы